Les hameaux de Saint-Ismier

Dans les années 80, Charlotte et Pierre Durand ont réalisé un très important travail sur la Tour d’Arces, le patrimoine de Saint-Ismier et les hameaux. En 2000 le livre “Autrefois à Saint-Ismier”, est publié par l’association La Tour d’Arces. Simone Desrousseaux , maitre d’ouvrage y a rédigé entre autres un chapitre qui porte sur les hameaux anciens.

Le terme “hameau” est issu de l’ancien pluriel de hamel (hameaux en ancien français) de ham “petit village” domaine, groupe d’habitations, dans les dialectes d’oïl septentrionaux.

le terme même de « hameau » est relativement récent, puisqu’on désigne par « village » tout groupe d’habitations avec ou sans établissement religieux, jusqu’au 16ème siècle.

A St-Ismier par exemple, on trouve dans des documents qui remontent au 14ème siècle les termes de « mas, borderie, cabanerie »

A partir du 16ème siècle, on désigne par « hameau » les villages sans clocher, laissant aux agglomérations avec clocher l’appellation de « village ».

Les hameaux de Saint-Ismier : Cet ouvrage de 200 pages et plus de 500 photographies et illustrations est préfacé par Henri Baile, maire de Saint-Ismier.

Il est publié par l’Association ” Tour d’Arces et Patrimoine de Saint-Ismier “.

Prix de vente: 30 euros

commandes sur ce site “contactez nous”, ou sur “tour.arces@gmail.com”

« Pour identifier les hameaux du Grésivaudan au Moyen Âge, nous disposons d’un document exceptionnel rédigé en 1339 : c’est une liste des noms des lieux-dits du Grésivaudan, dressée moins de 10 ans avant la grande épidémie de peste noire en 1348 qui a vu disparaître en Europe et donc en Grésivaudan comme ailleurs entre un tiers et la moitié de la population. Donc elle exprime une occupation du sol à une époque de maximum démographique. Le monde rural à cette date est en effet « plein comme un œuf » on utilisait le terrain partout où l’on pouvait. Et eut égard aux productions agraires de l’époque du milieu du XIVe siècle, le monde rural est à saturation. La grande peste à d’ailleurs emporté une grande partie de la population parce qu’elle était fragilisée par la sous-alimentation. » Annick Clavier, Conservatrice du Patrimoine de l’Isère (extrait du colloque sur les hameaux du Grésivaudan, Pontcharra 2013)
Humbert II, après le décès de son fils en 1335, songeait à céder ses états puisqu’il n’avait plus d’héritier.
En 1338-39 c’est au Pape Benoît 12 qu’il envisage d’inféoder une partie du Dauphiné et c’est ce projet de cession qui justifia à la réalisation d’une grande enquête sur le territoire du Dauphiné afin d’en connaître la valeur. En étudiant la composition des « feux » (foyers), on obtient la liste des hameaux dans chaque paroisse.
Saint-Ismier qui dépendait du mandement de Montbonnot où était le château delphinal (aujourd’hui disparu) constituait la communauté la plus importante du mandement . Les seigneurs du lieu étaient la famille d’ Arces.
Aux 17ème et au 18 ème siècles, des nouvelles constructions s’élèvent à Saint-Ismier: les résidences d’été des membres du Parlement puis des bourgeois et négociants de Grenoble. Ces demeures construites auprès de maisons fermières plus anciennes ont été souvent entourées de murs formant des clos d’un ou plusieurs hectares de vergers et de vignes transformés progressivement en parcs au 19ème siècle, après la crise du phylloxéra.
Il faut noter que la commune, comme dans quasiment tout le Grésivaudan, ayant été en permanence habitée dans son histoire, les constructions « d’origine » sont très rares, car on n’a cessé de construire et reconstruire au même endroit. Seuls les châteaux ou maisons abandonnées peuvent garder leur aspect d’origine, à moins qu’ils n’aient servi de carrières de pierre toute taillée.

16 hameaux

le cadastre parcellaire de Saint-Ismier, créé en 1811, après la décision prise par Napoléon 1er en 1807 de compléter son code civil par un cadastre parcellaire, découpe le territoire de la commune de 14,9 hectares en hameaux qui gardent leurs anciens noms.

la plupart des maisons figurant sur ce plan (environ 277) sont toujours visibles actuellement, même si beaucoup sont transformées ou restaurées.

et deux exemples dans la partie aval:
Sur le cadastre napoléonien, certains hameaux, comme les Semaises ou les Poulets, sont en réalité constitués de plusieurs hameaux. Un noms a disparu : « le Platre » entre le Mas et Gueydan. Quant au “Rivet” au-dessus du Millet, il s’agit du “Civet”.

Quelle est l’origine des noms des hameaux?

La végétation , pour le Fangeat ou la topographie, pour le Crêt de chaume, et l’origine historique de la construction pour la Bâtie.

Mais les toponymes les plus nombreux hameaux proviennent des noms des familles qui se sont installées sur les terres : Les Massons, les Varciaux, les Bouts, les Poulets…

Leur situation

La « ligne » de hameau la plus dense est celle qui suit l’ancienne voie romaine, du Servage aux Poulets, en passant par Gueydan, les Bouts, le Rozat.

Mais même sur cette ligne, il y a des zones de cultures entre les groupes de maisons.

Les hameaux sont en effet bien distincts les uns des autres, les maisons étant groupées le long de la route ou du chemin; car dans la majorité des hameaux, les maisons s’élèvent « en limite », afin d’économiser au maximum les terres pour les cultures.

Dans la plupart des cas aussi, les parcelles sont petites : il arrive d’ailleurs que les propriétés ne soient pas d’un seul tenant. (mariages, successions, échanges..) En effet jusqu’à la Révolution la grande propriété domine. Les grands propriétaires louent en fermage les parcelles aux paysans. La Révolution a démembré plusieurs vastes domaines, les paysans autrefois fermiers ont pu racheter des parcelles, la petite propriété, et même la très petite propriété va se généraliser dans tout le Grésivaudan.

Les 16 hameaux anciens toujours distincts aujourd’hui :

Servage, Mas, Gueydan, Crêt de Chaume, Massons, Millet-Civet, Église, Rozat, Bouts, Varciaux, Poulatière, Maréchaux, Pageonnière, Fangeat, Bârie, Semaises.

Ils sont dispersés sur tout le territoire de la commune, de la limite de la forêt de Chartreuse jusqu’au méandre de l’Isère.

Partout ils présentent leurs caractéristiques architecturales et paysagères témoins du passé de la commune, ces caractéristiques qui leurs confèrent une identité qui est propre à chaque commune du Grésivaudan.

L’urbanisation du 20ème siècle s’est faite au contraire sans lien avec le contexte économique ou historique du lieu, sans caractère identitaire.

Les caractéristiques des hameaux de Saint-Ismier

Le territoire de Saint-Ismier occupe une partie du cône de déjection du Manival; en conséquence, les hameaux sont implantés sur une pente:

Les maisons, groupées, sont visibles d’en bas ou d’en haut, et le hameau apparaît dans sa globalité, la pente lui confère un espace.

La vue du haut donne aux toitures un rôle important : on parle de 5ème façade.

La pente permet à l’eau de couler et de resurgir ; ainsi les fontaines, bassins, caniveaux, sont partout dans les hameaux:

La pente est aussi malheureusement responsable de plusieurs glissements de terrains qui ont marqué l’histoire de Saint-Ismier.

Les maisons construites à flanc de coteau étaient encastrées à moitié dans le sol, suivant le tracé naturel de la pente . L’habitat traditionnel s’est si parfaitement intégré à la nature qu’il constitue un élément à part entière du paysage.

La plupart des maisons sont alignées le long de la route, d’autres sont en retrait, devant une cour ou un petit espace privé. La polyculture multipliait les bâtiments, granges ou autres, qui étaient alors dispersés .Puis les maisons se transforment, le cellier devient cuisine, il est prolongé par d’autres pièces. Et à partir du 18ème siècle apparaissent des façades harmonieuses aux ouvertures cintrées, aux portes fenêtres ouvrant sur le jardin.