Louise Morel

Un livre à sa mémoire

L’idée d’un musée

La notoriété du peintre Louise Morel dépasse largement les limites de son Dauphiné natal, et c’est à Saint-Ismier sur le coteau du massif de la Chartreuse, face à la chaine de Belledonne, qu’elle passe les douze dernières années de sa vie. Elle occupe avec son fils André cette maison ancienne, l’Ermitage, où elle réalise ses dernières toiles et s’éteint en novembre 1974, laissant une œuvre considérable.
André Sahut-Morel, désormais seul, sans descendance, ne vit le reste de ses jours à l’Ermitage qu’à travers l’héritage que Louise lui a laissé, plus de 300 toiles auxquelles s’ajoute un nombre impressionnant de dessins qu’André a réalisés sous le pseudonyme d’Hugues Bréhat.
Mais Louise est toujours présente… et André entreprend avec sa mère un interminable dialogue, rassemble les peintures, retrace leurs parcours, les accroche, les déplace, les classe, les rassemble par périodes ou par pièces. Beaucoup ont été peintes sous ses yeux et les souvenirs parlent… II poursuit alors cette idée de les montrer au plus grand nombre, et les visiteurs émerveillés se pressent à l’Ermitage sur ses invitations.
Cet ouvrage retrace le parcours de son auteur dans l’Ermitage, sous la conduite d’André, intarissable.
Le musée qu’il avait imaginé ne lui aura pas survécu. Les exigences des réalités matérielles et sa disparition survenue avant que son projet n’aboutisse, ont eu raison de son rêve…

Reportage sur TeleGrenoble ( 21/01/2013 ) – Exposition ephemere – Louise Morel

Une peinture moderne

Vigueur et sensibilité

« L’activité de Louise Morel s’inscrivait aux côtés de Marcel Sahut, qu’elle avait épousé en 1920, dans ce grand mouvement artistique d’ailleurs très aidé alors par le nouveau conservateur du musée de peinture de Grenoble Andry-Farcy, c’est-à-dire l’art moderne dauphinois. Ils avaient tous les deux organisé le Salon de l’Effort qui devint le Salon de Grenoble, en liaison avec tout un mouvement culturel. Chaque année ce salon de Grenoble réunissait un grand nombre d’artistes, et parmi les invités certains venaient de Paris, en particulier les Fauves. Il faut dire qu’Andry-Farcy était lui-même un Fauve, par son tempérament !
Maurice de Vlaminck, André Derain, Chaïm Soutine, Othon Friesz vinrent participer à ce mouvement pictural particulièrement vivant, ainsi que Modigliani et Fujita en 1936 » .

Les traits vigoureux de ses paysages, les accents expressionnistes des ciels tourmentés, les compositions « cézanniennes » des vues urbaines, le symbolisme des natures mortes donnent à Louise Morel une place incontestable dans l’art moderne du XXème siècle.

Les thèmes favoris de l’artiste

Pour respecter le parcours qu’André Sahut-Morel avait lui-même fixé, on pénètre dans les différentes salles, les chambres, les salons , on passe par les couloirs, on monte à l’étage, dans les combles… La visite n’est ni chronologique, ni thématique, mais on retrouve partout les thèmes favoris de Louise Morel:

Les paysages , de Provence, d’Espagne, d’Afrique..,
vues par une fenêtre ouverte , sur les toits de Grenoble ou de Paris,
sur la Chartreuse ou le Grésivaudan…
les portraits, les nus,
les natures mortes et les bouquets.

Le talent d’Hugues Bréhat

Le fils de Louise Morel, André Sahut-Morel, avait une passion pour les bateaux, la mer, la voile : il aurait voulu être marin . Élève de l’école coloniale, devenue en 1934 l’école nationale de la France d’outre-mer, il est sorti major de promotion, et fit une carrière d’administrateur des affaires d’outre-mer. Il réalise ses premiers dessins à la libération de 1945 sous le pseudonyme d’Hugues Bréhat, qu’il gardera toujours par la suite.
Initié à la gravure par le peintre Varbanesco, Hugues Bréhat a illustré des œuvres littéraires, comme La Mare au diable de George Sand.

L’imaginaire

Avec un talent incontestable, il dessine la mer, les pêcheurs, la vie rurale; mais ses œuvres les plus saisissantes semblent naitre d’un univers onirique où les personnages volent dans l’espace, où des bateaux imaginaires sont pris dans d’épouvantables tempêtes, où les ponts se noient dans le néant et les escaliers tournent dans le vide.